Les médias ont attiré l’attention du grand public sur un problème grave: les rayons X nécessaires pour obtenir les radiographies dentaires pourraient favoriser l’apparition d’un cancer du cerveau: le méningiome.

En 1980 déjà, un article scientifique fait le lien entre radiographies dentaires et méningiome (1). En 1983, une nouvelle étude confirme que les traumatismes crâniens et les radiographies dentaires pourraient provoquer des méningiomes (2).

En 1998, une étude révélait que les patients ayant subi une radiographie dentaire au moins une fois par année avaient deux fois plus de risque de contracter un méningiome (3).

Une étude de l’Université de Washington confirma en 2005 que le risque de développer un méningiome était doublé chez les patients ayant subi un grand nombre de radiographies dentaires (4). En 2012, deux études obtiennent des résultats comparables (5,6).

Malgré les faiblesses de certaines de ces études, cette accumulation d’indices est suffisamment inquiétante pour faire un usage raisonné des rayons X au cabinet dentaire.

Les dangers des rayons X sont connus de longue date. C’est pourquoi les dentistes prennent un certains nombres de précautions:

 

  1. Eviter toutes radiographies inutiles

  2. Utilisation de tablier ou de collerette de protection pour le patient

  3. Diminuer autant que possible la dose de rayon X

 

Les études citées plus haut se basent sur une technologie en voie de disparition: la radiologie analogique. Dans notre cabinet, nous utilisons la radiologie numérique qui permet de réduire fortement la dose de rayons X.

Avec les anciennes installations à rayons X (radiologie analogique), la dose délivrée pour une radiographie correspondait environs à la dose naturelle de rayons X reçue en 1 jour en Suisse (principalement par le gaz radon présent dans le sol).

 

La radiologie numérique nous permet de réduire cette dose de 50 à 75%.

 

Les radiographies dentaires sont à utiliser avec modération. Il s’agit néanmoins d’un outil diagnostic irremplaçable notamment pour détecter les caries interproximales (entre les dents). Contrairement à une idée reçue, une carie ne fait pas mal, du moins jusqu’à un stade très avancé. Lorsque la carie est proche du nerf, la dent devient sensible au froid ou au sucré. Dans ce cas, la dent est déjà très affaiblie par la carie et le traitement de racine ne peut parfois pas être évité. Lorsque la lésion est découverte précocement (par une radiographie dentaire de contrôle), le traitement est plus simple et moins onéreux.

 

C’est pourquoi nous conseillons à nos patients:

Patient à risque faible (bonne hygiène, utilisation du fil dentaire, peu de caries par le passé): contrôle et 2 radios tous les 3 ans

Patient à risque moyen (bonne hygiène, nombreuses caries traitées par le passé): contrôle et 2 radios tous les 2 ans

Patient à risque élevé (hygiène insuffisante, présence régulière de nouvelles caries): contrôle et 2 radios chaque année

 

1) Preston-Martin S, Paganini-Hill A, Henderson BE, Pike MC, Wood C. Case-control study of intracranial meningiomas in women in Los Angeles County, California. J Natl Cancer Inst. (1980) 65: 67–73.

2) Preston-Martin S, Yu MC, Henderson BE, Roberts C. Risk factors for meningiomas in men in Los Angeles County. J Natl Cancer Inst. (1983) 70(5):863-6.

3) Rodvall Y, Ahlbom A, Pershagen G, Nylander M, Spännare B. Dental radiography after age 25 years, amalgam fillings and tumours of the central nervous system. Oral Oncol. (1998) 34(4):265-9

4) Longstreth WT Jr, Phillips LE, Drangsholt M, Koepsell TD, Custer BS, Gehrels JA, van Belle G. Dental X-rays and the risk of intracranial meningioma: a population-based case-control study. Cancer. (2004) 100(5):1026-34.

5) Claus EB, Calvocoressi L, Bondy ML, Schildkraut JM, Wiemels JL, Wrensch M. Dental x-rays and risk of meningioma

Cancer. (2012) 118(18):4530-7.

6) Abt E.Can dental x-rays increase the risk of meningioma? Evid Based Dent. (2012) 13(2):37-8.