Introduction
La mauvaise haleine (halitose) est un problème courant qui affecte les patients de tous âges. Lorsque la mauvaise haleine est sévère ou récurrente, elle peut rendre difficile les interactions sociales et provoquer une baisse de confiance en soi [1].
On constate qu’environ 50% des patients considèrent qu’ils souffrent de mauvaise haleine chronique [2].
Causes de l’halitose
Il y a de nombreuses idées préconçues concernant l’étiologie de la mauvaise haleine. Les patients, mais aussi de nombreux praticiens, pensent à tort que la mauvaise haleine est d’abord due à des processus pathologiques au niveau du tractus gastro-intestinal (estomac, intestins). L’une des conséquences de cette conception erronée est le fait que les patients souffrant d’halitose persistante subissent dans bien des cas d’abord une gastroscopie, au lieu de consulter un médecin-dentiste [3].
Il est néanmoins démontré qu’environ 80% des cas d’halitose ont pour origine la cavité buccale [4,5]. C’est la dégradation par les bactéries orales de débris alimentaires, de cellules épithéliales, de composants de la salive et du sang qui donne naissance à des composés volatils, responsables de la mauvaise haleine.
Ces bactéries sont, pour la plupart, également responsables des maladies des gencives (gingivite et parodontite) [6,7]. Il existe une corrélation entre la sévérité de l’affection parodontale (profondeur des poches parodontales) et la concentration de composés sulfurés volatils dans l’haleine [6,8].
les composés malodorants produits par ces bactéries peuvent être réunis en trois familles:
a) Les composés sulfurés volatils (méthylmercaptan, sulfure d’hydrogène, sulfure de diméthyle)
b) Les diamines (putrescine, cadavérine)
c) les acides gras à chaînes courtes (acide butyrique, acide valérique, acide propionique)
Traitement de l’halitose
La première étape est de faire confirmer l’origine buccale de la mauvaise haleine par un médecin-dentiste. Exceptionnellement, l’origine du problème peut-être extra-buccale: le patient est alors dirigé vers un médecin ORL (amygdalite chronique ou sinusite chronique) ou vers un autre spécialiste (bronchite, diverticulite, triméthylaminurie, etc…) pour des examens complémentaires.
Si la mauvaise haleine est effectivement d’origine buccale, il s’agira de
a) réduire la concentration de bactéries Gram- responsables de la production des composés malodorants
b) réduire la quantité des nutriments disponibles pour ces micro-orgamismes
c) la neutralisation des composés malodorants résiduels
Il s’agit, particulièrement chez les patients dont l’hygiène dentaire est insuffisante, d’améliorer le nettoyage dentaire et interdentaire. La bonne santé parodontale doit être contrôlée. Les maladies des gencives (gingivite et parodontite) doivent être être traitées [6].
La langue est un abri très efficace pour de nombreuses bactéries responsables de la mauvaise haleine [9]. Elle héberge entre 60% et 70% des micro-organismes présents dans la cavité buccale et doit donc être nettoyée au moins une fois par jour avec la brosse à dents ou un grattoir à langue. Le nettoyage doit éliminer le plus complètement possible l’enduit blanchâtre que l’on rencontre souvent sur la face supérieure de la langue [10].
Certains désinfectants peuvent être des compléments utiles:
Chlorexidine
La chlorexidine est la substance la plus efficace pour la réduction de la quantité de bactéries buccales. Elle est utilisée sous forme de rinçage buccal durant une à deux semaines après les curetages ou après un geste de chirurgie buccale.
Sa concentration doit être comprise entre 0,12 et 0,2% et provoque rapidement une altération du goût et une coloration brunâtre de la langue et des dents. Le traitement doit donc être limité dans le temps.
Triclosan
A une action directe contre les composés volatils et un effet antibactérien. Les dentifrices avec une formulation triclosan/ co-polymers/ fluorure de sodium semblent les plus efficaces contre la mauvaise haleine [11,12].
1) McKeown L. Social relations and breath odour. Int J Dent Hyg 2003;1:213-7.
2) Porter SR, Scully C.Oral malodour (halitosis).BMJ.2006;333(7569):632-5