Peur ou phobie du dentiste (stomatophobie)

 

Introduction

La peur ou la crainte du dentiste est normale. C’est un mécanisme de protection envers une procédure que l’on ne comprend pas bien et qui est susceptible de porter atteinte à son intégrité corporelle.

La première réaction devant la fraise ou le bistouri du dentiste est la fuite ou, au moins, l’évitement. Néanmoins, la plupart des patients arrivent à «rationnaliser» leurs craintes et ainsi permettre le traitement précoce et la guérison rapide.

Néanmoins, une certain nombre de patients sont méfiants ou trop anxieux pour accepter de se laisser traiter. Cette stratégie involontaire et incontrôlable d’évitement conduit souvent à un délabrement de la santé buccale (voir photos) qui évolue le plus souvent vers l’édentement progessif.

Pour les patients qui souffrent de phobie du dentiste, nous effectuons les traitements sous anesthésie général (aussi pour les enfants à partir de 4 ans). Les anesthésistes de la société Mobile Anesthesia Care endorment directement les patients dans notre salle de soins, ce qui nous permet de pratiquer une large gamme de traitements dans le cadre familier du cabinet.

La suite de cet article doit beaucoup au cours et aux conférences du Dr Michel Deslarzes.

Définitions et statistique

Peur: réponse émotionnelle d’un individu qui perçoit un danger précis en face de lui.

Par exemple: j’ai peur d’un chien qui aboie devant moi.

Anxiété: expérience comparable à la peur mais causée par une menace «abstraite»; la peur de ce qui pourrait arriver.

Par exemple: j’ai peur de me promener dans ce parc parce qu’un chien pourrait surgir.

Phobie: peur intense et irraisonnée

Par exemple: Avoir le vertige/ la peur du vide, l’arachnophobie, la claustrophobie, la phobie dentaire

On estime que 50% des patients ont peur des soins dentaires.

30% éprouve une peur légère

16% un peur modérée

4% une peur intense

Etilogies (causes)

Expériences directes: mauvaises expériences (souvent durant l’enfance: par exemple: dentiste scolaire pressé ou peu empathique, peur ou douleur dont le dentiste n’a pas tenu compte)

Expériences indirectes: récits anxiogènes de tiers sur des expériences désagréables. Par exemple: «tu vas te faire enlever les dents de sagesse? En tout cas moi, j’ai souffert le martyr!».

De quoi ont peur les patients?

  • Peur des instruments, de l’aiguille, de la douleur, des procédures inconnues.

  • Peur du dentiste lui-même, surtout s’il n’est pas très souriant ni empathique .

  • Peur d’être jugé ou critiqué: «Vos gencives sont très enflammées, passez-vous le fil dentaire chaque jour?».

  • Peur de sa vulnérabilité/ de sa perte de contrôle lors des soins.

La plupart de ces peurs peuvent être fortement atténuées par le dentiste ayant une attitude adaptée: explication de l’utilité et du déroulement des procédures, compréhension et absence de jugement. Il faut donner au patient la possibilté d’interrompre les soins sur un simple geste.

Que faire en tant que patient?

Demander des informations sur le déroulement du traitement.

Utiliser la respiration abdominale consciente (inspirer lentement, le ventre se gonfle, compter jusqu’à 5 puis expiration très lente, compter jusqu’à 5 et recommencer).

Une médication anxiolytique peut être efficace. Il faut en discuter avec votre médecin généraliste et faire des essais avant la séance dentaire.

Les benzodoazépines peuvent être utilisées avec prudence (Temesta, Dormicum,…). L’huile de lavande (Lasea) semble tout aussi efficace que le Lorazépam (Temesta) avec moins d’effets indésirables.

Woelk H, Schläfke S. A multi-center, double-blind, randomised study of the Lavender oil preparation Silexan in comparison to Lorazepam for generalized anxiety disorder. Phytomedicine. 2010 Feb;17(2):94-9.

Que faisons-nous pour les patients anxieux ou phobiques?

Nous prenons le temps. Le temps d’expliquer et de rassurer. Nous pratiquons la communication et l’écoute active selon Gordon.

Dans certains cas, l’anesthésie générale au cabinet est la solution la plus rapide et efficace.